MEDAMP est le pendant de MEDAM, l’observatoire sur l’impact du cumul des aménagements construits sur la mer : www.medam.org
Toute citation ou utilisation d'éléments de ce système de gestion de données devra être mentionné ainsi "MEDAMP Université Côte d'Azur CNRS ECOSEAS"

Les mots en vert dans le texte sont des liens renvoyant à des explications complémentaires.

Tous les textes en ligne et la majorité des données sont dans un rapport téléchargeable qui donne la situation de la base de données au 20 juillet 2017, pour l'obtenir cliquez : sur "Rapport".

 

La surpêche

Le prélèvement d’espèces induit par la surpêche représente la seconde pression anthropique sur la biodiversité littorale. Elle inclut la pêche professionnelle et de loisir (pêche à la ligne - à pied ou en bateau - et chasse sous-marine). Ce sont aussi les petits fonds qui sont le plus exposés à cette prédation humaine. La pêche traditionnelle y est très active et certaines pratiques de pêche de loisir ne s’exercent que dans cette tranche bathymétrique (chasse sous-marine et pêche à pied).
La création d’espaces marins protégés où la prédation humaine est interdite ou limitée est la seule solution qui permet de préserver les équilibres biologiques : c’est « l’effet réserve », qui garantit le maintien de la biodiversité.
Car un constat s’impose : depuis une cinquantaine d’années, tout autour de la Méditerranée, les espèces pêchées sont moins abondantes, le nombre de pêcheurs professionnels a diminué de 60 % et beaucoup de pêcheurs sont subventionnés. Devant les côtes françaises de la Méditerranée cela concerne essentiellement les activités traditionnelles littorales (surtout les régions de Provence–Alpes-Côte d’Azur, Corse et l’extrémité ouest des Pyrénées orientales).
Pour comprendre cette raréfaction des espèces halieutiques littorales, il faut évoquer un passé récent. Il y a un siècle en Méditerranée, lorsque la majeure partie des barques de pêche traditionnelles était encore propulsée par rame ou par voile, le rayon d’action des pêcheurs était limité. Sans prévisions météorologiques fiables, ils évitaient de poser les filets loin de leurs bases. De ce fait, de nombreux sites éloignés des ports et exposés (les caps plus particulièrement) étaient évités : ces zones étaient peu ou jamais pêchées : c’était de fait des réserves de pêche où les équilibres biologiques étaient préservés.
Les filets étaient en coton, nécessitant beaucoup d’entretien, mais ils se désagrégeaient dans le temps lorsqu’ils étaient perdus. La longueur de ces filets mis à l’eau était faible et la profondeur d’immersion peu importante car ils étaient levés à la force des bras. Ce prélèvement laborieux et aléatoire des espèces de poissons, de mollusques (calmars, poulpes, seiches) et de crustacés sauvages de notre littoral ne mettait pas en cause le maintien d’un équilibre naturel.

 

Barque traditionnelle de pêcheurs en Corse vers 1900 : faible rayon d’action et profondeur de pose des filets limitée (les marins doivent les remonter à la force des bras).

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Aujourd’hui un seul marin-pêcheur avec une embarcation motorisée et un treuil peut poser plusieurs kilomètres de filets jusqu’à 200 mètres de profondeur devant l’ensemble du littoral.

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L’apparition des moteurs, des treuils de levage des filets et des filets de nylon a tout changé. Depuis, aucun point de la côte n’est à l’abri de la pêche professionnelle. Il est même devenu possible pour un seul pêcheur d’immerger des longueurs importantes de filets (souvent plus de deux kilomètres) sur des fonds atteignant deux cents mètres. Les filets en nylon continuent longtemps de piéger poissons et crustacés lorsqu’ils sont perdus. 

De plus, depuis une cinquantaine d’années, d’autres formes de pêche se sont considérablement développées : la chasse sous-marine et la pêche plaisancière. Elles ont également contribué à réduire les stocks (plusieurs études démontrent que le poids des prises de la pêche de loisir équivaut à celui de la pêche professionnelle traditionnelle).
La surpêche introduit des modifications sensibles sur l’ensemble des écosystèmes concernés. Les chaines alimentaires se modifient selon le degré de prédation par l’homme : réduction des grands prédateurs et développement anarchique des espèces qui ne sont plus consommées par les espèces trop prélevées. Toute la biodiversité de chaque site surpêché est modifiée. Il convient ainsi de rétablir les équilibres dans les écosystèmes littoraux en protégeant au mieux les espèces trop prélevées surtout dans les biotopes les plus exposés à la pêche (entre 0 et -20m).
MEDAMP permet d’évaluer les efforts de protection par tranche bathymétrique.

 

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Inventaire

Avec plusieurs entrées possibles, il est aisé de trouver toutes les zones protégées de statuts différents par région ou département. Pour chaque zone protégée quatre caractéristiques sont proposées :

  • Données chiffrées. Elles décrivent les caractéristiques surfaciques de la zone (surfaces selon les tranches bathymétriques et selon le niveau de protection)
  • Informations/historique. Une fiche indique tous les textes officiels (arrêtés et décrets), la règlementation, les coordonnées géographiques, la gestion et les contacts,
  • Afficher la carte téléchargeable. Une carte de situation dressée avec la même charte graphique MEDAMP est proposée,
  • Voir les photos. Cela permet de visualiser le littoral au niveau des zones protégées (ainsi que les balises de signalisation en mer, panneaux de signalisation, …).

Cartographie

Sur un fonds de carte IGN toutes les zones protégées ont été tracées et coloriées selon la charte graphique MEDAMP. Les limites bathymétriques (-10 m, -20m, -50 m, -100 m) et les limites administratives (eaux territoriales, Zone d’Exclusivité Économique, communes, départements, régions et « masses d’eau » de la directive européenne « Directive Cadre sur l’Eau (DCE) » sont indiquées en superposition des données MEDAM (www.medam.org) indiquant toutes les constructions gagnées sur la mer.

Protection / pression

Dans ce volet nous présentons sur des diagrammes circulaires l’ensemble de la surface marine d’un découpage administratif (département, région ou toutes les côtes françaises de la Méditerranée) de la zone marine la plus vulnérable et la plus convoitée ( 0/-10m, -10/-20m et 0/ -20 m).  Sur cette surface naturelle initiale nous superposons à la fois les surfaces concernées par les efforts de protection (par niveau de protection contre les prélèvements) et celles détruites irréversiblement par le cumul des ouvrages construits sur la mer (chiffres extraits de la base de données MEDAM www.medam.org).

D’autres histogrammes permettent de visualiser la situation des côtes françaises de la Méditerranée par rapport aux engagements de protection internationaux. Ce sont les taux de protection des eaux territoriales par niveaux de protection et par statut juridique des zones protégées.

évolution

C’est un accès à la base de données historiques. La date de création de chaque zone protégée a été saisie. De même nous avons saisi les dates des changements passés : créations et abrogations d’anciennes zones protégées et créations et modifications de zones ayant changé de niveau de protection. Ces données permettent de présenter dans ce volet des histogrammes qui montrent l’évolution de la protection temporelle des six ensembles de données proposées dans le volet « Données chiffrées par découpage administratif ».

Analyse des données

Considérations générales sur les données MEDAMP par rapport aux objectifs internationaux de protection du milieu marin à atteindre.

Nous donnons ci-dessous les points synthétiques les plus significatifs du niveau de protection des eaux littorales des côtes françaises de la Méditerranée portant sur un inventaire de 77 zones marines protégées.

I - Une protection intégrale très faible (zones de non-prélèvement avec surveillance spécifique : Niveau I)

- Surfaces : 8 661,76 hectares au total (PACA : 5 327,45 ha, Occitanie : 68,81 ha, Corse : 3 265,49 ha). Dans les eaux territoriales des côtes françaises de la Méditerranée ce taux de protection atteint 0,35 %.
- On constate une répartition homogène par tranches bathymétriques de ce type de protection (voir données plus détaillées).

II – Si on ajoute les 22 cantonnements ou concessions (zones de non-prélèvement) où la surveillance spécifique est absente, les surfaces ainsi protégées restent peu étendues (Niveaux I + II)

- Surfaces : 16 029,09 hectares au total ( PACA : 6 673,99 ha, Occitanie : 169,02 ha, Corse : 9 186,07 ha).
Dans les eaux territoriales des côtes françaises de la Méditerranée le taux de protection des niveaux I+II réunis atteint alors 0,65 % (voir données plus détaillées).

III – Des zones « tampons » efficaces mais rares et peu étendues. Il s’agit des zones où seule la pêche professionnelle est autorisée (niveau IV)

Seul le parc national de Port-Cros, les réserves naturelles, de Scandola et des Bouches-de-Bonifacio ont de telles zones contigües à des zones de non-prélèvement.
- Surfaces : 2 982,47 hectares au total ( PACA : 1 811,33 ha, Occitanie : 0,00 ha, Corse : 1 171,14 ha).
- Dans les eaux territoriales des côtes françaises de la Méditerranée, le taux de protection du niveau IV atteint 0,12 % (voir données plus détaillées).

IV – Des zones de larges surfaces où la pêche professionnelle est autorisée et où la pêche de loisir est soumise à autorisation avec des contraintes (nombre de prises, poids …) difficiles à surveiller (Niveaux V + VI + VII).

- Ces zones ont été mises en place dans 3 aires : Port-Cros, Cerbère-Banyuls et Bouches de Bonifacio. Elles nécessitent de la part des agents de surveillance assermentés un effort très contraignant à mettre en place (inventaires et déterminations des prises, pesées, vérifications des autorisations et du matériel de pêche,…). Certains pêcheurs « autorisés » considèrent ces zones comme des zones de pêche gardées où ils ont le privilège de pouvoir y pêcher. Des comptages de poissons effectués à Porquerolles à l’intérieur de ces zones et à l’extérieur (zones sans autorisations requises pour pêcher) montrent que le nombre et la taille des poissons sont inférieurs dans la zone soumise à autorisation.
- Données (eaux territoriales) : 13 315,40 hectares au total.
- Dans les eaux territoriales des côtes françaises de la Méditerranée, le taux de protection des Niveaux V+VI+VII réunis atteint 0,54 % (voir données plus détaillées).

V – Des zones immenses incluant des surfaces importantes de grands fonds à réglementation très faible : pêche professionnelle et de loisir autorisée (Niveau VIII).

Ces zones concernent les deux parcs nationaux (Port-Cros et Calanques) ainsi que la réserve naturelle des Bouches de Bonifacio. Elles sont qualifiées comme étant des zones adjacentes, des cœurs de parc sans exclusion d’une catégorie de pêcheurs ou des zones périphériques. Les contraintes concernent essentiellement la pêche de loisir. Si aucune catégorie de pêcheurs n’est exclue, de nombreuses contraintes hétéroclites selon les aires marines protégées ont été mises en place (nombre de prises, nombre de certaines espèces, poids des prises, nombre de cannes par pêcheur, matériels de pêche électrique ou hydraulique …)
- Leur surface totale dépasse de beaucoup la surface totale des zones protégées excluant totalement une catégorie de pêcheurs (chasse sous-marine ou pêche à la ligne). Elles nécessitent de la part des agents de surveillance assermentés un effort très contraignant à mettre en place par la surface à couvrir (inventaires, déterminations et pesées des prises …). Cette charge s’ajoute à la surveillance prioritaire des zones mieux protégées par des règlementations plus strictes.
- Données : 328 248,20 hectares au total (Sud- PACA : 262 625,69 ha, Occitanie : 0,00 ha, Corse : 65 458,96 ha).
- Dans les eaux territoriales des côtes françaises de la Méditerranée, le taux de protection du niveau VIII atteint 13,30 % (voir données plus détaillées).

VI – Des zones encore plus étendues sans aucune réglementation spécifique restreignant la prédation. Ce sont ainsi des zones plus « co-gérées » que protégées. Il s’agit des 42 zones Natura 2000 et des deux parcs naturels marins (Niveau IX).

La gestion de ces zones a pour objectif de réunir les utilisateurs de la mer pour une utilisation respectueuse et durable de l’aire marine sans contrainte juridique. Le développement durable de ces zones dépend essentiellement de l’implication des gestionnaires territoriaux. Elles concernent en grande majorité des zones profondes. En 2019 six sites Natura 2000, sans aucune règlementation de la pêche, ont même été créés au-delà des eaux territoriales (dans la zone économique exclusive). Un grand nombre de ces zones se superposent à d’autres aires marines mieux protégées avec des réglementations contraignantes pour la pêche. Nous n’avons considéré pour ces zones (les 42  sites Natura 2000 et les deux parcs naturels marins) que la partie située en dehors des zones mieux protégées.
- Données : 927 071,43 hectares au total dans les eaux territoriales des côtes françaises de la Méditerranée (Sud-PACA : 100 513,91 ha, Occitanie 179 055,10 ha, Corse : 647 502,42 ha.
- Le taux de protection global pour ce niveau IX (eaux territoriales) : 37,55 % (voir données plus détaillées).

VII – Un bilan total peu significatif (Niveaux I à IX réunis). Addition hétérogène de faibles surfaces de non-prélèvement très bien protégées à d’immenses surfaces soumises à la pêche professionnelle et de loisir.

Ces données ne considèrent que la partie de chaque zone protégée située en dehors d’une autre zone mieux protégées (pas de redondance)
- Données :
1 287 646,60 hectares au total dans les eaux territoriales des côtes françaises de la Méditerranée (Sud-PACA : 373 061,46 ha, Occitanie 179 783,90 ha, Corse : 734 637,69 ha) avec un taux de protection global  de 52,16 % (Sud-PACA : 42,04 %, Occitanie 47,25 %, Corse : 62,01 %).
1 488 867,34 hectares au total dans la Zone économique exclusive des côtes françaises de la Méditerranée avec un taux de protection global  de 17,14 %.
2 776 513,94 hectares au total dans les eaux territoriales et les eaux de la Zone économique exclusive des côtes françaises de la Méditerranée.

VIII – Un linéaire de zones protégées (avec des très petits fonds collés au rivage) peu protégés

Le linéaire des zones collées au rivage protégées de toutes formes de pêche (niveaux I et II) ne représente que 77,4 km ( 3,59% du littoral) alors que les aménagements gagnés sur la mer ont artificialisé et donc bouleversé les équilibres écologiques des très petits fonds devant 218,8 km (10,14% du littoral). Si on additionne à ces zones celles où certaines catégories de pêcheurs de loisir sont exclues (niveaux IV à VII) le littoral ainsi protégé reste faible : 179,5 km (8,32% du littoral).