MEDAMP est le pendant de MEDAM, l’observatoire sur l’impact du cumul des aménagements construits sur la mer : www.medam.org
Toute citation ou utilisation d'éléments de ce système de gestion de données devra être mentionné ainsi "MEDAMP Université Côte d'Azur CNRS ECOSEAS"

Les mots en vert dans le texte sont des liens renvoyant à des explications complémentaires.

Tous les textes en ligne et la majorité des données sont dans un rapport téléchargeable qui donne la situation de la base de données au 20 juillet 2017, pour l'obtenir cliquez : sur "Rapport".

 

MEDAMP : Pourquoi ?

INVENTORIER LES AIRES MARINES PROTEGEES OU RESERVES DE PECHE

La base de données MEDAMP est un observatoire de la protection de la biodiversité littorale des côtes françaises de la Méditerranée. Depuis 1963, des aires marines protégées gérées par l’État, les collectivités territoriales, les prud’homies de pêcheurs et les autres utilisateurs de la mer ont été créées avec 7 statuts juridiques différents.

  • les réserves naturelles
  • les parcs nationaux
  • les parcs naturels marins
  • les sites Natura 2000
  • Les zones concernées par un arrêté de biotope
  • les cantonnements de pêche
  • les concessions

Au titre du code de l'environnement (article L334-1), les 5 premières ont l’appellation d’« aire marine protégée ». Les cantonnements et les concessions sont quant à eux considérés comme des réserves de pêche. L’« Office français pour la biodiversité » distingue en plus (http://www.aires-marines.fr/Les-aires-marines-protegees/Categories-d-aires-marines-protegees) : les parcs naturels régionaux, les parties du Domaine public maritime confiées au Conservatoire du littoral, les zones de conservation halieutiques et les réserves nationales de chasse et de faune sauvage ayant une partie maritime. Voir aussi https://www.afbiodiversite.fr/strategie-nationale-des-aires-marines-protegees pour une définition légèrement différente.

Cependant peu d’entre elles peuvent être considérées comme étant représentatives d’un espace ou d’un milieu marin réellement protégé. Parmi les dernières aires marines créées beaucoup sont des aires cogérées plutôt que « protégées ». En réalité, on constate une grande confusion sur les objectifs, les appellations, les statuts, les réglementations en vigueur, les niveaux de surveillance et de prévention ; toutes ces caractéristiques diffèrent d’un site à l’autre et sont, pour certaines zones, souvent modifiées dans le temps. Cet inventaire porte sur 77 zones protégées, comprenant 55 « aires marines protégées » ainsi dénommées par la loi ainsi que 22 réserves de pêche. Voir la carte de l’ensemble des aires marines protégées et des réserves de pêche.

 

IDENTIFIER ET DEFINIR DES NIVEAUX DE PROTECTION

Contrairement aux milieux terrestres il n’y a pas d’endémisme localisé en Méditerranée : il n’y a pas d’espèces que l’on ne trouve que dans une baie ou autour d’une île. Il n’y a ainsi pas d’espèces en grand danger d’extinction devant les côtes françaises de la Méditerranée nécessitant une protection très forte de son biotope. En revanche, les équilibres sous-marins sont localement bouleversés par les activités humaines. De ce fait, la biodiversité locale peut être réduite et le rendement utile pour l’homme diminué (pêche, moins de richesses biologiques dans les paysages sous-marins pour les plongeurs). La base de données MEDAMP permet d’archiver des données quantitatives et qualitatives sur le niveau de protection du milieu marin littoral. Les niveaux retenus dépendent :

EVALUER LA PROTECTION DES ZONES LES PLUS CONVOITEES ET LES PLUS MENACEES

Les petits fonds littoraux sont les plus riches en biodiversité et ils jouent un rôle primordial pour le recrutement et la survie des larves et juvéniles d’un grand nombre d’espèces halieutiques. C’est le domaine des algues (plus de 500 espèces différentes de macro-algues inventoriées) et des plantes à fleurs : 4 espèces dont les posidonies (Posidonia oceanica), la cymodocée (Cymodocea nodosa) et deux espèces de zostères (Zostera noltei, Zostera marina). Ces petits fonds, les plus riches en biodiversité, sont aussi les plus soumis aux atteintes anthropiques (surtout par les aménagements construits sur la mer et par la surpêche. Ces zones à la fois les plus riches et les plus vulnérables devraient être protégées en priorité. La difficulté réside dans le fait que de nombreux groupes d’utilisateurs de la mer (prud’homies de pêcheurs, associations de pêcheurs plaisanciers ou de chasseurs sous-marins…) restent peu convaincus et considèrent ces espaces comme leur aire d’activité indispensable (pêcheurs professionnels) ou comme des aires de loisir de proximité. De ce fait, la plupart des aires marines créées ces dix dernières années englobent essentiellement de vastes zones profondes, loin des petits fonds soumis à la plus forte pression de pêche et de mouillage nécessitant une protection urgente. C’est le cas de la plupart des sites Natura 2000 (et surtout des 6 dernières créations de sites Natura 2000 en mer tous situés au grand large au-delà des eaux territoriales, dans la Zone économique exclusive), des deux parcs naturels marins, des zones adjacentes ou périphériques des parcs nationaux et de la Réserve naturelle des Bouches de Bonifacio. C’est aussi le cas de la plus grande zone très protégée (de non-prélèvement) du parc national des calanques de Marseille. La zone protégée excluant toute forme de pêche est située sur le canyon de la Cassidaigne avec des fonds > à -100 m, zone polluée par les rejets d’une usine d’alumine ; elle a une surface supérieure à celle des 6 autres zones de non-prélèvement situées contre le littoral (ou une île) de l’ensemble du parc national.

medamp renvoi 7 les zones les plus convoitees et les plus menacees 500

Les petits fonds : indispensables pour les équilibres biologiques. Taux de mortalité dans le cycle de développement naturel des poissons littoraux à partir des œufs © Cyril FÉDÉRICO/Écocean.

La base de données MEDAMP permet de déduire le niveau de protection (hiérarchie de la réglementation de la pêche en place) de chaque espace protégé. Elle donne le taux de chaque niveau de protection d’une zone géographique (département, région) ou zone administrative (eaux territoriales, eaux de la Zone économique exclusive, zones de la Directive Cadre Eau - DCE- ou Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux - SDAGE) et de chaque tranche bathymétrique des fonds littoraux. L’analyse des données stockées dans MEDAMP met ainsi en évidence la répartition de l’effort de protection par rapport aux menaces les plus évidentes à la biodiversité.

 

MEDAMP PRESENTE L’EVOLUTION DE LA PROTECTION ET PERMET DE POSITIONNER LA SITUATION DES COTES FRANÇAISES DE LA MEDITERRANEE PAR RAPPORT AUX ENGAGEMENTS INTERNATIONNAUX DE PROTECTION DE LA BIODIVERSITE MARINE

Depuis la création de la première aire marine protégée en 1965, les réserves sous-marines et aires marines protégées ont été établies progressivement. Depuis, certaines ont été abrogées, d’autres ont été modifiées (changement d’aire ou changement de niveau de protection dans des sous zones). Dans la base de données MEDAMP toutes les données historiques de la protection ont été intégrées (inventaire dans le temps des zones abrogées ou étendues, ou des sous-zones ayant changé de niveau de protection) (voir le volet « Inventaire » puis dans « Rechercher une zone protégée » : « voir les zones abrogées ou modifiées »).
MEDAMP permet d’évaluer le réel positionnement de la France par rapport aux engagements internationaux de protection de la biodiversité marine.

 

Inventaire

Avec plusieurs entrées possibles, il est aisé de trouver toutes les zones protégées de statuts différents par région ou département. Pour chaque zone protégée quatre caractéristiques sont proposées :

  • Données chiffrées. Elles décrivent les caractéristiques surfaciques de la zone (surfaces selon les tranches bathymétriques et selon le niveau de protection)
  • Informations/historique. Une fiche indique tous les textes officiels (arrêtés et décrets), la règlementation, les coordonnées géographiques, la gestion et les contacts,
  • Afficher la carte téléchargeable. Une carte de situation dressée avec la même charte graphique MEDAMP est proposée,
  • Voir les photos. Cela permet de visualiser le littoral au niveau des zones protégées (ainsi que les balises de signalisation en mer, panneaux de signalisation, …).

Cartographie

Sur un fonds de carte IGN toutes les zones protégées ont été tracées et coloriées selon la charte graphique MEDAMP. Les limites bathymétriques (-10 m, -20m, -50 m, -100 m) et les limites administratives (eaux territoriales, Zone d’Exclusivité Économique, communes, départements, régions et « masses d’eau » de la directive européenne « Directive Cadre sur l’Eau (DCE) » sont indiquées en superposition des données MEDAM (www.medam.org) indiquant toutes les constructions gagnées sur la mer.

Protection / pression

Dans ce volet nous présentons sur des diagrammes circulaires l’ensemble de la surface marine d’un découpage administratif (département, région ou toutes les côtes françaises de la Méditerranée) de la zone marine la plus vulnérable et la plus convoitée ( 0/-10m, -10/-20m et 0/ -20 m).  Sur cette surface naturelle initiale nous superposons à la fois les surfaces concernées par les efforts de protection (par niveau de protection contre les prélèvements) et celles détruites irréversiblement par le cumul des ouvrages construits sur la mer (chiffres extraits de la base de données MEDAM www.medam.org).

D’autres histogrammes permettent de visualiser la situation des côtes françaises de la Méditerranée par rapport aux engagements de protection internationaux. Ce sont les taux de protection des eaux territoriales par niveaux de protection et par statut juridique des zones protégées.

évolution

C’est un accès à la base de données historiques. La date de création de chaque zone protégée a été saisie. De même nous avons saisi les dates des changements passés : créations et abrogations d’anciennes zones protégées et créations et modifications de zones ayant changé de niveau de protection. Ces données permettent de présenter dans ce volet des histogrammes qui montrent l’évolution de la protection temporelle des six ensembles de données proposées dans le volet « Données chiffrées par découpage administratif ».

Analyse des données

Considérations générales sur les données MEDAMP par rapport aux objectifs internationaux de protection du milieu marin à atteindre.

Nous donnons ci-dessous les points synthétiques les plus significatifs du niveau de protection des eaux littorales des côtes françaises de la Méditerranée portant sur un inventaire de 77 zones marines protégées.

I - Une protection intégrale très faible (zones de non-prélèvement avec surveillance spécifique : Niveau I)

- Surfaces : 8 661,76 hectares au total (PACA : 5 327,45 ha, Occitanie : 68,81 ha, Corse : 3 265,49 ha). Dans les eaux territoriales des côtes françaises de la Méditerranée ce taux de protection atteint 0,35 %.
- On constate une répartition homogène par tranches bathymétriques de ce type de protection (voir données plus détaillées).

II – Si on ajoute les 22 cantonnements ou concessions (zones de non-prélèvement) où la surveillance spécifique est absente, les surfaces ainsi protégées restent peu étendues (Niveaux I + II)

- Surfaces : 16 029,09 hectares au total ( PACA : 6 673,99 ha, Occitanie : 169,02 ha, Corse : 9 186,07 ha).
Dans les eaux territoriales des côtes françaises de la Méditerranée le taux de protection des niveaux I+II réunis atteint alors 0,65 % (voir données plus détaillées).

III – Des zones « tampons » efficaces mais rares et peu étendues. Il s’agit des zones où seule la pêche professionnelle est autorisée (niveau IV)

Seul le parc national de Port-Cros, les réserves naturelles, de Scandola et des Bouches-de-Bonifacio ont de telles zones contigües à des zones de non-prélèvement.
- Surfaces : 2 982,47 hectares au total ( PACA : 1 811,33 ha, Occitanie : 0,00 ha, Corse : 1 171,14 ha).
- Dans les eaux territoriales des côtes françaises de la Méditerranée, le taux de protection du niveau IV atteint 0,12 % (voir données plus détaillées).

IV – Des zones de larges surfaces où la pêche professionnelle est autorisée et où la pêche de loisir est soumise à autorisation avec des contraintes (nombre de prises, poids …) difficiles à surveiller (Niveaux V + VI + VII).

- Ces zones ont été mises en place dans 3 aires : Port-Cros, Cerbère-Banyuls et Bouches de Bonifacio. Elles nécessitent de la part des agents de surveillance assermentés un effort très contraignant à mettre en place (inventaires et déterminations des prises, pesées, vérifications des autorisations et du matériel de pêche,…). Certains pêcheurs « autorisés » considèrent ces zones comme des zones de pêche gardées où ils ont le privilège de pouvoir y pêcher. Des comptages de poissons effectués à Porquerolles à l’intérieur de ces zones et à l’extérieur (zones sans autorisations requises pour pêcher) montrent que le nombre et la taille des poissons sont inférieurs dans la zone soumise à autorisation.
- Données (eaux territoriales) : 13 315,40 hectares au total.
- Dans les eaux territoriales des côtes françaises de la Méditerranée, le taux de protection des Niveaux V+VI+VII réunis atteint 0,54 % (voir données plus détaillées).

V – Des zones immenses incluant des surfaces importantes de grands fonds à réglementation très faible : pêche professionnelle et de loisir autorisée (Niveau VIII).

Ces zones concernent les deux parcs nationaux (Port-Cros et Calanques) ainsi que la réserve naturelle des Bouches de Bonifacio. Elles sont qualifiées comme étant des zones adjacentes, des cœurs de parc sans exclusion d’une catégorie de pêcheurs ou des zones périphériques. Les contraintes concernent essentiellement la pêche de loisir. Si aucune catégorie de pêcheurs n’est exclue, de nombreuses contraintes hétéroclites selon les aires marines protégées ont été mises en place (nombre de prises, nombre de certaines espèces, poids des prises, nombre de cannes par pêcheur, matériels de pêche électrique ou hydraulique …)
- Leur surface totale dépasse de beaucoup la surface totale des zones protégées excluant totalement une catégorie de pêcheurs (chasse sous-marine ou pêche à la ligne). Elles nécessitent de la part des agents de surveillance assermentés un effort très contraignant à mettre en place par la surface à couvrir (inventaires, déterminations et pesées des prises …). Cette charge s’ajoute à la surveillance prioritaire des zones mieux protégées par des règlementations plus strictes.
- Données : 328 248,20 hectares au total (Sud- PACA : 262 625,69 ha, Occitanie : 0,00 ha, Corse : 65 458,96 ha).
- Dans les eaux territoriales des côtes françaises de la Méditerranée, le taux de protection du niveau VIII atteint 13,30 % (voir données plus détaillées).

VI – Des zones encore plus étendues sans aucune réglementation spécifique restreignant la prédation. Ce sont ainsi des zones plus « co-gérées » que protégées. Il s’agit des 42 zones Natura 2000 et des deux parcs naturels marins (Niveau IX).

La gestion de ces zones a pour objectif de réunir les utilisateurs de la mer pour une utilisation respectueuse et durable de l’aire marine sans contrainte juridique. Le développement durable de ces zones dépend essentiellement de l’implication des gestionnaires territoriaux. Elles concernent en grande majorité des zones profondes. En 2019 six sites Natura 2000, sans aucune règlementation de la pêche, ont même été créés au-delà des eaux territoriales (dans la zone économique exclusive). Un grand nombre de ces zones se superposent à d’autres aires marines mieux protégées avec des réglementations contraignantes pour la pêche. Nous n’avons considéré pour ces zones (les 42  sites Natura 2000 et les deux parcs naturels marins) que la partie située en dehors des zones mieux protégées.
- Données : 927 071,43 hectares au total dans les eaux territoriales des côtes françaises de la Méditerranée (Sud-PACA : 100 513,91 ha, Occitanie 179 055,10 ha, Corse : 647 502,42 ha.
- Le taux de protection global pour ce niveau IX (eaux territoriales) : 37,55 % (voir données plus détaillées).

VII – Un bilan total peu significatif (Niveaux I à IX réunis). Addition hétérogène de faibles surfaces de non-prélèvement très bien protégées à d’immenses surfaces soumises à la pêche professionnelle et de loisir.

Ces données ne considèrent que la partie de chaque zone protégée située en dehors d’une autre zone mieux protégées (pas de redondance)
- Données :
1 287 646,60 hectares au total dans les eaux territoriales des côtes françaises de la Méditerranée (Sud-PACA : 373 061,46 ha, Occitanie 179 783,90 ha, Corse : 734 637,69 ha) avec un taux de protection global  de 52,16 % (Sud-PACA : 42,04 %, Occitanie 47,25 %, Corse : 62,01 %).
1 488 867,34 hectares au total dans la Zone économique exclusive des côtes françaises de la Méditerranée avec un taux de protection global  de 17,14 %.
2 776 513,94 hectares au total dans les eaux territoriales et les eaux de la Zone économique exclusive des côtes françaises de la Méditerranée.

VIII – Un linéaire de zones protégées (avec des très petits fonds collés au rivage) peu protégés

Le linéaire des zones collées au rivage protégées de toutes formes de pêche (niveaux I et II) ne représente que 77,4 km ( 3,59% du littoral) alors que les aménagements gagnés sur la mer ont artificialisé et donc bouleversé les équilibres écologiques des très petits fonds devant 218,8 km (10,14% du littoral). Si on additionne à ces zones celles où certaines catégories de pêcheurs de loisir sont exclues (niveaux IV à VII) le littoral ainsi protégé reste faible : 179,5 km (8,32% du littoral).